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Freitag, 14. Februar 2014

Hilaire Mbakop: Interview avec Repères à propos du roman "Mambés Heimat: Ein Streifzug durch den Alltag Kameruns"
Von hilairembakop, 15:31

Hilaire MBAKOP, Ecrivain.

"J'ai voulu préserver le contenu de mon livre"

L'écrivain parle de son premier ouvrage écrit en allemand, au ton très engagé.

Repères: De quoi parle votre ouvrage?

Le roman relate l’histoire d’un Camerounais qui, après avoir vécu 20 ans aux Etats-Unis, décide de rentrer au pays. A son arrivée, il déambule dans les rues de la capitale Yaoundé et fait la rencontre de divers personnages qui vont partager avec lui les difficultés qu’ils rencontrent dans leur vie au quotidien et de la situation du pays. Le héros, Mambé, prend ainsi le pouls de la situation du pays qui est enclin au tribalisme, aux problèmes politiques, l’abus du pouvoir, les disparités entre différents classes, la misère ineffable, la dépravation des mœurs, la corruption, le manque de formations sanitaires, d’eau courante dans les ménages, etc.

Repères : Alors pourquoi avoir choisi de faire cette description en allemand pour un public francophone ?

Nous avons environ deux cent mille élèves dans les lycées et collèges du Cameroun qui apprennent l’allemand, en plus du millier qui fréquente les universités. Nous avons des Camerounais qui étudient en Allemagne et en Autriche. Il est vrai que le grand public au Cameroun ne parle pas allemand, mais ceux qui apprennent las langue ont le privilège de lire l’édition originale en allemand. Une des raisons fondamentales pour lesquelles j’ai décidé d’écrire en allemand, c’était pour préserver le contenu de l’œuvre. Parce que nous avons un certain nombre de difficultés avec les maisons d’édition au Cameroun, qui sont en quelque sorte muselées, lorsque l’écrivain soumet un manuscrit de littérature engagée comme celui que j’ai écrit, on vous rétorque qu’on ne veut pas avoir de problèmes avec le gouvernement, et qu’on est désolé pour ça. Et quand on viendrait à accepter, le contenu subit des déformations telles que vous aurez du mal à vous reconnaître dans votre livre. Donc, nous qui maitrisons ces langues étrangères préférons publier dans ces langues, et le grand public pourra lire la traduction. Mais, en même temps, comme vous le savez, l’Allemagne compte à elle seule plus de 82 millions d’habitants, c’est le pays le plus puissant de l’Union européenne en termes d’économie, donc en dehors de la Suisse, de l’Autriche, nous comptons nous imposer dans ces pays comme nos compatriotes l’ont fait en France, et imposer notre littérature.

Repères : Est-ce à dire que ce livre n’est pas destiné aux Camerounais mais plutôt aux étrangers ?

Le livre est destiné aussi bien aux étrangers qu’aux Camerounais, mais aussi au monde entier parce qu’un livre ça se traduit.

Repères : La satire sociale que vous faites dans votre livre ne noircit-elle pas l’image du pays à l’étranger ?

Si le livre est présenté ainsi, ce n’est pas de ma faute. C’est du à la situation qui prévaut dans le pays. Mon devoir consiste à présenter la situation comme dans un miroir, notamment celui que l’écrivain français Victor Hugo. Le roman c’est comme un miroir qu’on promène le long de la rue. Et c’est ce miroir qui reflète la réalité du Cameroun.

Repères : Est-ce que votre roman a obtenu une subvention de la part d’un organisme allemand ?

Je n’ai pas bénéficié de subventions de la part de l’Allemagne. L’ambassade de ce pays m’a dit que les soutiens particuliers aux écrivains ne relève pas de leur ressort. Donc il y a un véritable problème de sponsors au niveau du Cameroun. J’ai fait une demande au ministère de la culture, mais on m’a dit que la commission n’avait pas réussi à siéger trois mois après, et c’est resté sans suite.

Repères : A lire votre livre, on a le sentiment qu’il n’encourage pas les jeunes à rester au pays, et ne donne pas l’envie à ceux qui sont à l’étranger de revenir.

Le livre est un constat. La tendance aujourd’hui, c’est que les Camerounais quittent le pays à la recherche de l’eldorado  en Europe. Il ya une trentaine d’années, les Camerounais aimaient rester chez eux, actuellement, c’est la tendance inverse. Et les Camerounais y vont même par des moyens illégaux. Ce qui traduit la situation de misère, d’injustice, dans laquelle le pays vit. Le régime n’arrive pas à soutenir les jeunes qui ont des projets, et c’est normal qu’ils aient envie de partir chercher la vie ailleurs.

Propos recueillis par Célestin Antangana, Repères.

Interview accordée à l’hebdomadaire Repères le 17 juin 2009,  parue dans le No 128 du 24 juin 2009, Page 13.



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